CEREMONIE DE REMISE DES TROPHEES : HERITIERS DE MEMOIRE

Voici le discours que les 8 élèves délégués des deux classes de 1ere Esabac de Mme Beati et Mme Vezzani ont écrit et prononcé au Panthéon lors de la cérémonie de la remise des prix Heritiers de Mémoire : 

C’est pour notre lycée un grand honneur, de pouvoir vous présenter dans ce lieu si symbolique et dense d’histoire le fruit de notre travail au sein du projet “Trieste et le Karst: la mémoire et l’écriture de la Guerre”

Nous tenons à remercier nos professeurs d’Italien Esabac, Mme Beati qui a coordonné le voyage et cette initiative et Mme Vezzani, nos professeurs d’Histoire Esabac M. Immarigeon et M. Meunier, Stefano Bises, le scénariste qui nous a guidés dans la démarche du processus créatif de notre nouvelle historique, notre proviseur M. Pestourie et notre proviseur-adjoint M. Chades qui est ici avec nous. Enfin et surtout nous tenons à remercier la Direction de la mémoire, de la culture et des archives du Ministère des Armées et le Ministère de l’Éducation nationale pour nous avoir permi de contribuer à l’Opération Héritiers de mémoire. (Domitilla de Noué)

Notre voyage n’a pas commencé à la gare de Rome, lorsque nous nous sommes aventurés en direction de l’extrême nord-est de l’Italie, mais en classe, dans les cours de littérature Esabac.  C’est à travers l’étude des écrivains et des poètes de Trieste et du Karst, tels que Svevo, Ungaretti, D’Annunzio et Saba, que notre rapport avec Trieste et la mémoire de la guerre a débuté. 

Cela nous a été indispensable pour saisir l’essence de cette ville et de cette région, faite de contrastes et de dualité: d’une part, terre natale d’éminents intellectuels du XXème siècle et centre de métissages de cultures, de l’autre, théâtre de violences et de barbaries des tranchées, ville où Mussolini a promulgué les lois raciales en 1938, et témoin du seul camp d’extermination en Italie, la Rizière de San Saba. (Solène Tabrizi) 

Les moments forts de cette expérience ont été résumés dans la vidéo de 5 minutes que vous avez pu voir et qu’on a réalisée au retour de notre voyage en choisissant et en montant les dizaines d’heures de film que nous avons tournées sur place. 

Le premier jour, à travers des promenades littéraires, nous sommes partis à la découverte des lieux de la vie et des œuvres des écrivains Svevo et Saba. Nous avons étudié La ville de Trieste comme lieu de vie et objet d’écriture à travers la lecture d’extraits des romans de Svevo et des poésies de Saba sur les lieux cités dans leurs œuvres. Mais nous avons aussi vu de nos yeux Trieste comme ville de frontière et cosmopolite. L’étude de l’irrédentisme triestin et des écrivains nationalistes qui s’engagèrent comme volontaires dans la guerre et le débat entre interventionnistes et neutralistes nous a conduits dans des itinéraires poétiques mais aussi historiques.

(Marco Valerio Modugno )

Le deuxième jour a été dédié aux lieux de la guerre et  à la guerre comme objet d’écriture: sur le Karst,  nous avons suivi les itinéraires de la mémoire sur les traces des soldats et des poètes engagés sur le front  de l’est autour de l’Isonzo.  

Sur les lieux visités, c’est-à-dire les tranchées de Monfalcone et le Cimetière militaire de Redipuglia, puis le  Mont San Michele dans la  partie nord du Karst, de l’Isonzo à  Cima 3,  et en visitant le Musée Ungaretti,  on a réactivé notre travail d’analyse  sur les poésies du poète-soldat et lu en comparaison des poèmes d’Apollinaire et d’autres écrivains français engagés sur le front. La mise en relation avec la propagande des artistes futuristes italiens et français a permis de réfléchir au traitement littéraire et artistique de la guerre entre propagande et exaltation, critique et dénonciation. ( Ettore De Gregorio)

Enfin, les itinéraires  de la mémoire  nous ont  amenés de l’enfer des tranchées à celui du camps de concentration nazi de la Risiera di San Sabba, un centre de détention et d’extermination mis en place par les nazis,  unique en Italie  avec la présence d’un four crématoire au centre du camp, dans une ville voulue “Fascistissime” par Mussolini après la promulgation des lois raciales sur sa place Unità d’Italia en 1938. 

L’horreur des camps et la mémoire de la Shoah a fait l’objet d’un travail d’analyse comparée, une fois de plus littéraire, entre deux auteurs et deux textes incontournables :  Si c’est un homme de Primo Levi et L’espèce humaine de  Robert Antelme. 

(Anna-Lou Bises)

Ce séjour pédagogique et cette approche littéraire a été accompagnée, avant et après le voyage, d’ un rigoureux travail de recherche historique, en classe et en autonomie, sur les traces de millions de lettres oubliées de soldats.

Puisque  on ne peut raconter ce qu’on ne connaît pas, il a donc fallu étudier l’époque et les lieux pour faire vivre un personnage réel ou fictif, en nous même.

 (Matthieu Jacqueson)

C’est pour cela que dans notre recueil de 38 nouvelles, intitulé Inchiostro rosso sangue- sang d’encre, nous ne vous racontons pas seulement des batailles, mais nous parlons surtout d’ individus et d’humanité.

Ungaretti d’ailleurs, dans  son poème Veille, composé dans une tranchée, après une entière nuitée jeté auprès d’un compagnon massacré, nous laisse ces vers:

dans mon silence

j’ai écrit

des lettres pleines d’amour.

(Vittoria Donnini)

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